Expos / Presse / Textes



 



Née en 1982
Vit et travaille à Lyon

2021
Résidence au Musée d'Art Contemporain de Lyon, Laboratoire de création
Exposition des lauréats du Prix de Dessin David Weil, Académie des Beaux-arts, Paris 
 
2020
Exposition des lauréats du Prix de Dessin David Weil, Académie des Beaux-arts, Paris

2019
Le Pavillon, Fleury-la-Montagne - exposition personnelle
B+ Galerie - exposition personnelle
Salon Lyon Art Paper

2018
Galerie Jean-Louis Mandon - exposition personnelle, Lyon
Traits Collectifs, La menuiserie - exposition collective, festival Lyon BD

2017
Centre Culturel Le Bief, Ambert - exposition personnelle
Château de Rochebonne - exposition collective de la Galerie Jena-Louis Mandon, Lyon

2017
Centre Culturel Le Bief, Ambert - exposition personnelle

2016 :
Musée des Confluences, Lyon - performance dessin

2015 :
l'Epicerie Moderne, Feyzin - exposition personnelle
Galerie  Da-End, Cabinet n°5, Paris - collective

2014 :
Galerie Da-End, Cabinet n°4, Paris - exposition collective
Galerie Jean-Louis Mandon - exposition personnelle
Château de Rochebonne - exposition collective
Le LAC, St Etienne - exposition collective

2013 :
Château de Rochebonne - exposition collective
Galerie Jean-Louis Mandon, Lyon - exposition personnelle

2012 :
Château de Rochebonne - collective
A l'origine, le Dessin, Artas - collective

2011 :
Galerie Gilbert Riou, Lyon - collective
Entre autrefois et aujourd'hui, Le Polaris de Corbas - expo collective et conférence
300 images sauvages, Médiathèque de Toulouse - collective
     
2010 :
MAPRA, Lyon
Grand Salon de la Micro-édition, Galerie All Over, Lyon

2009 : Exposition des lauréats du Prix Jean Chevalier, Galerie Houg, Lyon.

Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Lyon (DNAP en 2008)

 Presse / Textes :

Dans cette nuit peuplée
Au fond du noir des massifs soyeux comme des chevelures et puissants comme des
vagues, s’ouvrent des cratères caressés par des rayons de lune. Des présences palpitantes
à la chair de charbon peuplent les failles et les plaines fragiles où reposent des trésors.
C’est ici que vivent des figures de chimères, en becs et en carapaces, éclairés par les rais
d’un jour naissant. Dans le monde en noir et blanc de Blanche Berthelier, le geste caresse
les plis, creuse les vallées et tend les reliefs d’une tectonique de l’intime. Eloge de la main,
ce geste tisse en patience des surfaces douces, et à l’aide de petits signes pressés ou de
longs traits filés, pose le point juste ou la tache d’un accent. C’est ainsi que l’artiste, au
milieu de forces contraires, fait surgir les hôtes mutants des ténèbres où elle nous plonge.
Un bestiaire aux silhouettes incertaines dont le tracé nerveux et élastique lie les formes et
les matières nées de la nuit, avec la souplesse et la sûreté d’un funambule.
Loin d’une vision d’école ou d’une approche par concept, le travail de Blanche Berthelier ne
vient pas donner forme finale à un monde qui aurait été préalablement et globalement
conçu. 

Dans un processus lié au corps et aux valeurs tactiles, le dessin emprunte un chemin
qui se renouvelle, serpente dans des tracés qui insistent, évite les impasses de l’enlisement
dans les plis du savoir-faire, ose des prises d’audaces et espère l’accident qui viendra en
relancer l’énergie. Fils tendus, bifurcations, insurrection des reliefs, trames tissées, textures
défaites. Métamorphoses. La première esquisse est résolue et fragile. Elle est ouverte à ce
qui la met en mouvement mais qu’elle ignore encore. 

La forme qui naît de la main n’est pas à la discrétion absolue de l’artiste qui doit rester dans l’accueil de ce qui s’ouvre. Dans la résistance qu’impose la matière, il faut saisir le ton d’un clair et la lueur dans l’obscur, la langueur ou la tension d’une ondulation, fixer le point ou imposer le tranchant de l’outil dans une élégance d’escrime. Jouer des différences et des répétitions. L’aventure créatrice se
situe là, exactement, au milieu de cet espace instable de traits, de volumes dressés, de
personnages de songes, de formes organiques et abstraites, dans ce monde au noir d’encre
et menaçant ruine. Au point où le dessin lui-même semble tenté par la fuite. C’est dans ce
désordre que l'enchaînement de l’œuvre se découvre dans sa propre histoire, se déployant
du croquis d’intention à l’ébauche finalisée avant de trouver sa vérité de pierre dans une
exécution parfaite, toujours menacée par les forces d’une collision et d’une déroute.
La main délicate peut alors dompter ces puissances rebelles en posant au fond des creux et
des voûtes un bouquet de fleurs noires ou la douceur d’un œuf. Tout au milieu de cette nuit,
Blanche Berthelier fait poindre la promesse d’une aube sur un nouveau monde.

Christian Sozzi
Octobre 2019
Galerie B+

 

Catalogue d'exposition, septembre 2014
Jean-Emmanuel Denave :

"Les traits vibrent encore ou presque, les espaces ondulent en une topologie indéterminée et jamais définitivement fixée... Quelque chose du geste spontanée de la main et des bifurcations irréfléchies du crayon ou du fusain demeure visible à la surface des dessins de Blanche Berthelier. Les "fils" nombreux (entrelacs, cheveux, tiges...) qui s'y trouvent tracés invitent à imaginer un continuum, un processus en cours, des métamorphoses, ou bien encore des inversions possibles : entre le dehors et le dedans, le même et le différent, un règne et un autre (minéral, végétal, animal...), une surface et son envers, l'obscurité et la lumière... "Le dessin ne reproduit pas une forme donnée, il produit - ou il laisse se produire -  une forme où s'exprime le désir de voir naître la chose, de goûter à la joie de cet élan pour devenir "sois-même" sans s'identifier à rien. Le dessein est d'accompagner une formation sans fin" écrit le philosphe Jean-Luc Nancy dans Le Plaisir au dessin (Hazan, 2007)
Des formes apparaissent néanmoins, mais toujours étranges, fuyantes ou en devenir, parfois cachées ou enveloppées sur elles-mêmes. Les figures et les espaces innommables de Blanche Berthelier semblent issues d'un double "inconscient", physique et psychologique, somatique et onirique : celui de la main et celui de la psyché. Deux psychanalystes, Nicolas Abraham et Maria Torok, dans L'écorce et le noyau, évoquent des "lieux psychiques" à travers les notions - proches de l'univers de l'artiste - de secret, de crypte, de fantôme...
En cassant quelques graines et coquilles, en fendillant l'écorce des choses, Blanche Berthelier entrouvre des énigmes. Enigmes du devenir et de l'origine des corps, des matières, des images.


Le Progrès, 27 mars 2013 
Fabien Giacomelli :

"Notre coup de coeur a été immédiat pour les dessins (au fusain ou à l'encre) de la jeune Lyonnaise Blanche Berthelier, diplômée de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Lyon en 2008, où elle fut l'élève de Gérard Gasquet. Ses espaces étranges et anxiogènes, entre architectures et organes vivants, recèlent des figures paradoxalement familières. Des écorces qui s'ouvrent, des coquilles qui se ferment sur leur propre énigme, de drôles de volatiles en suspens...
La topologie fantastique de l'artiste nous entraîne ainsi parmi les méandres de l'inconscient, des ambivalences, des rêves et des cauchemars. Tout y est enveloppé l'un dans l'autre, entortillé et en germe, vibrant de mille possibilités et métamorphoses. "Je diras que ma façon de dessiner s'oriente plus vers le mythe et son silence que vers le réel, ou une idée du réel"dit très justement Blanche Berthelier dans un entretien."


Le Petit Bulletin, mars 2013
Jean-Emmanuel Denave :

"Elle greffe le rire à la nuit.
"Travaux de liasse et de liesse, ils se délivrent selon la famine, selon l'altercation des mondes tournoyants qui s'engendrent, se détruisent... et si, de la fermentation de leurs grappes pressées surgit la foudre, elle greffe le rire à la nuit" Citer Jacques Dupin (L'Ecoute) parce que c'est notre lecture du moment, citer Jacques Dupin parce qu'aussi nombre de ses poèmes résonnent étrangement avec les terres sombres, les mondes vibratiles, les grappes noires, les écorces et les nuits transfigurées que fait éclore puis, très vite, se refermer Blanche Berthelier dans ses dessins (au fusain et à l'encre de Chine). Après avoir fait gicler à grands traits de la peinture sur de grandes feuilles, dans des gestes explosifs et spontanés, l'artiste (vivant à Lyon et née en 1982) a voulu, plus patiemment, "faire apparaître des formes et de figures. Je ne sais pas ce que cela représente exactement et j'aime qu'on ait l'impression de reconnaître quelque-chose sans savoir vraiment de quoi il s'agit. D'où l'importance aussi du noir et du blanc qui fait immédiatement rupture avec tout réalisme. Tout reste dans ses dessins énigmatique, même pour moi."
Traverser la nuit.
Enigme du petit théâtre envahi par l'avancée de troublants et menaçants rideaux organiques. Enigme de ces corps tronqués ou de ces très nombreux volatiles mutants. Enigme de cette forme à la fois phallique et vaginale qui se tend vers le blanc de la feuille, et qui pourrait être aussi bien une grande graine ouverte et oblongue. "Il y a tout un répertoire de formes que j'aime beaucoup regarder (les coquilles, les germes, les écorces...), formes qui souvent évoquent le caché-fermé qui est en passe de devenir autre chose". Même la topologie de Blanche Berthelier est constamment en métamorphose, en plis et déplis, en enveloppes et en "déclosions", en vagues et en ondes. Les architectures et les espaces sont vivants, les animaux, quant à eux, parfois morts ou organiques, les traits vibrent et rendent les représentations troubles, mouvantes...
"Le vide qui vit, qui est dedans, qui est dehors, le cep d'où surgit le souffle, le souffle qui détruit le cep, qui traverse la nuit et nos corps" (Jacques Dupin)"


Catalogue d'exposition, octobre 2011 :
Gérard Gasquet : 

"Si l'art peut être une voie vers la beauté intérieure, il n'existe certainement pas qu'un chemin pour y parvenir... Comment connaître et affronter les ténèbres de ce monde qui empêchent toute élévation, sans tenter de mettre en forme ces forces qui par le corps nous traversent et nous enserrent ici-bas, comme le fait Blanche Berthelier, proche en cela d'une longue histoire de la tradition visionnaire..."


Catalogue d'exposition, 2011
Stani Chaine : 

"Blanche Berthelier habite et hante l'image et l'imaginaire. Sortie des Beaux-arts en 2008, elle pratique essentiellement le crayon pierre noire, le fusain ainsi que l'encre de Chine. Existe-t-il ici l'énigme de l'image ou bien, au contraire, l'affirmation d'un sujet ? En l'occurrence, le corps, en partie ou entier... et, aussi, dans le fait même de dessiner. Le mystère serait alors dans le traité entre minutie du trait et espaces blancs sinon vierges, pour poser l'éternelle question de ce que chacun peut trouver derrière, en deçà, ou bien au-delà de l'image. Une images que l'on peut alors nommer anatomie d'un monde, mystère, énigme ou projection imaginaire."